Avez-vous remarqué comme notre corps réagit de façon plus ou moins virulente à nos émotions ?
Il m’est arrivé un jour de me retrouver face à une cliente, que nous appellerons ici Léa, dont la joue gauche avait doublé de volume. En lui demandant ce qui lui était arrivé, elle me répondit qu’elle avait un abcès dans la bouche et que le gonflement de sa joue était survenu en quelques minutes seulement. Cependant, après consultation chez son dentiste, il s’est avéré que la dent était en parfaite santé !
Qu’est-ce qui a donc pu provoquer une telle réaction ?
À la question posée : “Vous sentez-vous stressée ?” sa réponse est négative, cependant, en creusant un peu, elle m’avoue qu’elle grince des dents la nuit….
Donc, son mental lui dit : “je ne suis pas stressée”, mais son corps lui, n’a pas le même son de cloche !
Au fil de nos échanges, ma cliente m’annonce qu’elle aime beaucoup faire plaisir à sa chef. Elle considère celle-ci comme un modèle et fait tout ce qu’elle peut pour lui rendre les moindres services.
Cette remarque me met la puce à l’oreille. Je sais déjà, depuis nos nombreux échanges que Léa ne sait pas dire “NON”. Je décide donc de lui faire passer un test afin de savoir quels sont ses messages inconscients qui la poussent à agir au delà de ses limites émotionnelles. Limites émotionnelles qui ont été dépassées et se répercutent à présent sur son physique.
Une fois le test terminé, il en ressort clairement que Léa fait partie de ces personnes qui se sentent obligées de faire plaisir aux autres par peur d’être rejetées ou critiquées.
Souvenez-vous de ces phrases qui nous semblaient innocentes dans notre enfance et qui commençaient par : “ca ferait très plaisir à maman si…” ou encore “allez, pour me faire plaisir” etc. Ces mots, nous les avons tous entendus au moins une fois, ils sont inconscients dans le sens ou la personne qui les prononce ne planifie pas à long terme toutes les répercussions que ceux-ci peuvent avoir.
Dans cette envie consciente de faire plaisir aux autres, notre inconscient nous envoie des messages pour nous faire croire que sans ces actions envers les autres, nous avons moins de valeur à leurs yeux. Il n’y a rien de plus faux !
Alors comment faire pour sortir de ce schéma répétitif ?
C’est en étant affirmé, c’est-à-dire en prenant du recul avant de répondre à un appel ou à une demande, que nous pouvons nous poser des questions essentielles telles que : “Ai-je le temps de faire ce que l’on me demande ?”, “Cette demande est-elle prioritaire, par rapport à tout ce que j’ai à faire ?”, “Suis-je réellement en capacité d’aider cette personne ?”. Que ce soit dans le milieu du travail ou dans la vie privée, ces questions restent les mêmes.
A contrario, c’est lorsque nous disons oui à tout pour faire plaisir à notre entourage que nous oublions d’écouter nos propres besoins. Et d’ailleurs, les questions telles que “Serais-je toujours aimé(e) de cette personne si je dis non ?” ou “Vais-je garder mon emploi, si je refuse ce nouveau dossier ?” sont des questionnements de défense qui proviennent de notre égo, qui est là pour nous protéger. Cependant, si notre égo sait ce qui pourrait nous convenir, dans un objectif de défense, il ne sait rien de ce qui peut se passer dans l’avenir et encore moins comment les personnes vont réagir face à nos consentements ou à nos refus. Ces pensées et idées qu’ils nous envoie ne sont que des suppositions.
Gardons à l’esprit que la ville de Rome ne s’est pas construite en un seul jour. Il y a fort à parier que nous aurons parfois, et surtout au début, des réflexes qui persisteront. L’important est de rester bienveillant envers soi-même et de savoir qu’il existe plusieurs manières de dire “non”.
Nos émotions sont passagères, mais nos décisions sont définitives !
Bien souvent, nos pires décisions sont prises à la suite d’une émotion forte.
Il est assez facile de comprendre ces comportements qui nous auto-sabotent, mais il est bien moins évident de les reconnaître, de les accepter et de les ajuster. C’est pourquoi, il est nécessaire d’être observateur de notre système de pensée, pour être de plus en plus vigilant. Cette observation constante n’est pas innée, elle s’apprend !
Même si nous prenons du plaisir à faire des choses pour les autres, cela ne doit pas nous empêcher de prendre soin de nous en même temps. Car, qui prendra soin de ceux à qui nous aimons tant faire plaisir si nous ne sommes plus en capacité (physique et/ou mentale) de le faire ?
Il est donc essentiel de rester à l’écoute de nos besoins, car notre corps a ses propres moyens pour nous rappeler à l’ordre et nous avertir quand il est temps de ralentir. Si nous ne faisons pas cela, notre corps saura nous faire savoir de façon plus ou moins virulente, qu’il est temps de faire une pause. Et c’est malheureusement quand il est trop tard que surviennent les symptômes physiques, ou à l’extrême, le fameux Burn-Out.
En conclusion
Si notre esprit est capable d’élaborer des plans les plus abracadabrants, de tirer des conclusions, de tergiverser, voire de mentir, notre corps, lui, ne ment jamais.
Après quelques semaines d’exercices spécifiques et ciblés, Léa est rayonnante, elle a appris à s’autoriser à être elle-même en restant à l’écoute de ses besoins et ne grince plus des dents pendant la nuit.
Alors, qui prendra soin de vous si vous ne le faites pas vous-même ?